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Projet bisontin de dermatoscope mobile

santé 03 Jun 2016 Actualités

Dépister tôt. Tel est l’objectif du projet transfrontalier franco-suisse présenté le 18 janvier 2008 à Besançon.

dermatoscope mobile

Tout part d'un constat simple. Le taux de personnes susceptibles d'être confrontées à un mélanome est passé de 1 pour 3 000 en 1940 à 1 pour 70 aujourd'hui, avec une perspective de 1 pour 50 dès 2010. 30 % des mélanomes sont dus à l'évolution des grains de beauté et, en Franche-Comté, 100 nouveaux cas de mélanomes sont recensés chaque année... En l'état actuel de la recherche, le meilleur moyen de dépister le mélanome reste toujours la consultation chez un dermatologue. Le hic, c'est qu'il faut parfois plusieurs semaines pour obtenir un rendez-vous. Dans le même temps, le mélanome, lui, n'attend pas pour progresser.

Avec les progrès technologiques de ce début de XXIème siècle, tout l'enjeu est donc de parvenir à utiliser Internet et les nouvelles technologies pour accélérer la détection du mélanome. Comment ? Via un diagnostic à distance, rendu possible par une lentille spécifique dotée d'un système d'éclairage propre. Cette lentille est capable de s'adapter sur un simple appareil photo numérique et de grossir jusqu'à dix fois l'image.

Intitulé DECOPREME (Dépistage collaboratif précoce des mélanomes) et financé dans sa phase d'étude de faisabilité à hauteur de 50 000 euros par l'Union européenne dans le cadre de son projet Interreg III, ce projet met en commun les compétences scientifiques de cinq acteurs : côté suisse, le CHU de Lausanne et la société informatique ID ; côté français, le Laboratoire informatique de Franche-Comté (LIFC), le service dermatologie du CHU de Besançon ainsi que la société Statice Santé.

Concrètement, le patient va voir un praticien équipé de cet appareil et celui-ci prend une photo du grain de beauté. L'image est alors envoyée numériquement à un serveur d'analyse d'images installé en Suisse. Ce serveur détermine si le grain de beauté suspect répond aux critères ABCDE (Asymétrie, bords, coloration, diamètre, évolution). Si doute il y a, l'image est alors transmise à un dermatologue, qui décidera s'il convient ou non de s'alerter.

Avantage de l'équipement ? Son prix modique - de l'ordre de 500 euros - qui devrait à terme permettre à un maximum de praticiens (généralistes, pharmaciens, dermatos) de s'équiper. 4 000 médecins sont concernés en Suisse romande, dont 2 000 généralistes, et 2 000 en Franche-Comté. L'idée est qu'un jour tout professionnel formé à cet effet et susceptible de déceler l'apparition d'un mélanome - bus de la Ligue contre le cancer, podologues, kinés, coiffeurs, esthéticiennes, etc. - puisse en être équipé.

Seul bémol pour l'instant : les législations française et suisse n'en sont pas au même stade en matière de « télé-médecine ». Là où les Suisses se déclarent par exemple prêts à recourir au transfert d'images par MMS, les Français sont formellement contre. De même, comme le soulevait Catherine Chaillet dans L'Est Républicain du 21 janvier 2008, « quid de la rémunération des dermatologues qui lisent les images ? La France ne prévoit pas de faire payer une consultation quand le médecin n'est pas en face de son patient. Et qu'advient-il du secret médical ? En attendant ces réponses et d'autres, le laboratoire Femto à Besançon a en parallèle à ce projet réalisé le prototype d'une sonde optique capable de visualiser l'autofluorescence des cellules cancéreuses dans un grain de beauté. Si une seule cellule est malade, la sonde peut la brûler ; on peut donc adjoindre au diagnostic la thérapie sans intervention chirurgicale. »

Ayant désormais franchi le cap de l'étude de faisabilité, le projet s'appelle désormais DECOPLUS (déposé à l'automne dans le cadre de la campagne Interreg IV) et devrait être sur le marché d'ici 2010.

Pour en savoir + : jean-christophe.lapayre@univ-fcomte.fr

Tél. : 03 81 66 64 56.

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