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Les expositions solaires professionnelles en Suisse

santé collectivités santé au travail santé publique 30 Oct 2025 Actualités

En Suisse, le cadre juridique de la LAA/OLAA permet la reconnaissance des lésions dues aux rayonnements non ionisants, dont les UV, comme maladies professionnelles lorsque la cause professionnelle est prépondérante (« tous travaux » mentionnés à l’annexe 1 de l’OLAA). La Suva précise que, dans ces conditions, des altérations cutanées photo-induites peuvent être prises en charge et indemnisées au titre de maladie professionnelle (1-4).

Sur le plan scientifique, les preuves sont solides pour le carcinome spinocellulaire (spinaliome) et ses stades précoces (kératoses actiniques, maladie de Bowen) en cas d’exposition chronique de longue durée ; les travailleurs en extérieur reçoivent en moyenne 3 à 5 fois plus d’UV que les travailleurs en intérieur, et l’altitude accroît encore l’irradiation reçue (1)(2)(5). La Suva souligne toutefois que, malgré une incidence élevée des cancers cutanés non mélanocytaires, peu de cas sont annoncés et reconnus au titre professionnel, du fait notamment des difficultés à distinguer la part d’exposition professionnelle de celle des loisirs (1).

Côté méthodologie de reconnaissance, la Suva recommande de déclarer systématiquement à l’assureur-accidents compétent les spinaliomes (et lésions précancéreuses) sur zones photo-exposées chez des travailleurs ayant longtemps œuvré en plein air. Un critère de référence est retenu : un doublement du risque (≈ exposition professionnelle ≥ +40 % par rapport à un travailleur indoor du même âge) suffit à remplir les conditions de l’art. 9 LAA (1). Pour le carcinome basocellulaire (basaliome), la relation dose-effet est plus complexe ; la déclaration est indiquée lorsque les tumeurs siègent sur des zones très photo-exposées avec signes marqués de photovieillissement (lentigos, kératoses, chéilite actinique), chez des travailleurs de plein air de longue date. Pour le mélanome, la déclaration n’est pas recommandée en routine ; exception possible pour le lentigo malin si l’exposition professionnelle est nette et la peau montre des stigmates chroniques d’UV (1).

Enfin, la Suva a fait de la protection solaire au travail une priorité de prévention, avec des outils (évaluation d’exposition, recommandations pratiques, check-lists) et des campagnes ciblées dans les branches très exposées (voir suva.ch/soleil)(2)(5).

Plus d'informations sur le site de la suva



Bibliographie :

(1). Rast, H. Exposition professionnelle aux rayons ultraviolets et cancer de la peau (Factsheet). Suva, version déc. 2017.

(2). Suva. Exposition professionnelle aux rayons ultraviolets et cancer de la peau – Fiche thématique (site). s.d. (consulté le 30 oct. 2025).

(3). Confédération suisse. Loi fédérale sur l’assurance-accidents (LAA), art. 9. RS 832.20.

(4). Office fédéral de la santé publique (OFSP/BAG). Modification de l’OLAA : adaptation de l’annexe 1 (liste des maladies professionnelles). 21 fév. 2018.

(5). SECO / Suva. Rayonnement non ionisant : valeurs limites et prévention au travail (page d’information). 2023.

Voir aussi