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Tabac et UV artificiels : même combat publicitaire

santé 22 Apr 2016 Actualités

Leurs produits sont nocifs, mais peu importe : dans leur communication, vendeurs de cigarettes et vendeurs de bronzage artificiel adoptent les mêmes méthodes de persuasion…

Mégot de cigarette

Aucun doute à avoir : les UV artificiels sont dangereux. Pratiquer le bronzage en cabine augmente les risques de développer un mélanome, forme la plus dangereuse du cancer de la peau. Mais pour minimiser les risques et rester attractifs, les publicitaires sont prêts à manipuler le public par les moyens les plus malhonnêtes. C'est la conclusion qui ressort d'une enquête effectuée le Dr David A. Jones, dermatologue américain. Dans son analyse, le scientifique a comparé les stratégies publicitaires employées dans l'industrie du tabac et l'industrie du bronzage artificiel.

Le spécialiste a passé en revue 2000 réclames pour des marques de cigarette, qu'il a comparé avec 350 publicités éditées par des salons de bronzage. Il a identifié les mêmes mécanismes marketing. "L'industrie du bronzage utilise la publicité pour vendre l'idée fausse selon laquelle il existe un bronzage sain et sans danger" explique le Dr Jones. Comment ? Par l'intervention rassurante de pseudo-médecins, toujours en blouse blanche, pour défendre à l'écran les vertus de la nicotine ou des rayons UV. Et tant pis si tous les dermatologues déconseillent fortement l'usage des cabines de bronzage. "L'idée derrière ces pubs", précise le docteur, "c'est que si un médecin le dit, alors ça doit être vrai".

Comme l'industrie du tabac, l'industrie des UV doit faire face à l'inquiétude du public et l'évidence des faits scientifiques. Ainsi, plusieurs annonceurs ont commencé, dès les années 80, à inclure des labels de toutes sortes dans leurs campagnes - rayons garantis sans UVB, rayons UVA purs à 99% - tout en oubliant d'indiquer qu'il n'existe pas de rayon UV sans risque. Autre technique : caresser le spectateur dans le sens du poil, en l'encourageant à être plus intelligent que la moyenne. En allant dans un centre de bronzage, il pourra préparer sa peau pour le soleil pendant que d'autres attraperont bêtement un coup de soleil… Petits oublis dans les slogans : le bronzage, obtenu pour de telles doses d’UV, est en soi un dommage pour la peau, qui se défend en se pigmentant. La protection obtenue est plutôt faible. Et la peau vieillit prématurément.

Dans sa conclusion, le Dr Jones appelle à une meilleure éducation des consommateurs sur les dangers du bronzage en cabine et une régulation plus stricte de la publicité. Un appel entendu : en janvier 2010, la Federal Trade Commission, l'institut indépendant pour la défense des consommateurs américains, a interdit aux sociétés de bronzage d'inclure des arguments sanitaires erronés dans leurs publicités.

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