Lampes UV et vernis semi-permanent : Beauté des ongles ou danger pour la peau ?
En une décennie, le secteur des soins des ongles a connu une croissance impressionnante. En 2010-2011, plus de 87 % des salons de manucure utilisaient des lampes à rayons ultraviolets (UV). Parmi les innovations les plus appréciées, le vernis semi-permanent se distingue par sa tenue longue durée, permettant de conserver une manucure impeccable pendant 3 à 4 semaines. Cependant, son application requiert l’utilisation de lampes combinant rayons UV (puissance minimale de 48 watts) et diodes électroluminescentes (LED) pour sécher et fixer chaque couche de vernis. Ces lampes émettent principalement des rayons UV de type A (UVA).
Une préoccupation croissante
L'utilisation de ces lampes UV pour ongles est une thématique qui suscite des préoccupations croissantes. Sur les réseaux sociaux, des influenceurs beauté sensibilisent leur audience aux précautions à adopter, partageant des vidéos de routines "care" avant la pose de vernis afin de protéger sa peau.
Pourquoi cette précaution ? La réponse réside dans les effets potentiellement nocifs de ces lampes.
Ce que disent les études scientifiques
Les rayons UVA émis par ces lampes pénètrent profondément dans la peau. Ils peuvent endommager l’ADN, accélérer le vieillissement prématuré de la peau et augmenter le risque de cancers cutanés. La peau autour des ongles, particulièrement fine et vulnérable, est ainsi directement exposée à ces dangers.
Des études récentes mettent en lumière les risques associés à l’utilisation fréquente de ces lampes dans les salons de manucure :
Une étude de l’Université de Californie a révélé que l’exposition aux lampes UV peut entraîner des mutations typiques des rayons UVA, similaires à celles observées dans les mélanomes. Une seule séance peut détruire une proportion significative de cellules cutanées, augmentant les risques de mutations cancérigènes.
En 2022, une synthèse des effets secondaires liés aux vernis semi-permanents a recensé quelques cas de carcinome épidermoïde chez des femmes utilisant régulièrement ces lampes UV. Bien que ces cas soient rares, ils soulignent le potentiel cancérigène associé à une exposition répétée.
Enfin, n'oublions pas que les UV sont classés comme cancérigènes certains par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 2009.
Ces données, bien qu’alarmantes, nécessitent davantage d’études pour évaluer précisément les risques à long terme et l’impact cumulatif de ces expositions répétées. Une telle compréhension pourrait permettre d’établir des recommandations plus solides.
Recommandations pratiques
En attendant des conclusions plus définitives, voici quelques mesures préventives pour réduire les risques :
- Opter pour des alternatives : Opter pour des vernis nécessitant un séchage naturel ou plus rapide ou des lampes LED à spectre réduit.
- Limiter la fréquence d'utilisation : Réduire le nombre de séances annuelles avec des lampes UV peut diminuer l'exposition cumulative.
- Appliquer une crème solaire : Il est recommandé d'appliquer une crème solaire à large spectre avec un SPF d'au moins 30 sur les mains avant chaque séance impliquant une lampe UV. Cela peut aider à réduire l'exposition directe aux rayons nocifs.
Sensibilisation et prévention
Malgré les connaissances disponibles, les risques liés à l’exposition aux rayons UV artificiels restent sous-estimés. Une sensibilisation accrue est essentielle pour informer le public et encourager des pratiques plus sûres dans les salons de manucure.
Sources :
– Zhivagui M et al., DNA damage and somatic mutations in mammalian cells after irradiation with a nail polish dryer, Nature Communications, 2022; 276: 1-14. Published on line : January 17, 2023
– MacFarlane D.F. et al., Occurrence of nonmelanoma skin cancers on the hands after UV nail light exposure. Arch Dermatol. 2009; 145: 447–9
– Litaiem N. et al. Side effects of gel nail polish: a systematic review, Clinics in Dermatology, 2022; 40: 706–715.
– Classement CIRC : Cancer Environnement.
