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John McCain : transparence sanitaire et prévention solaire

santé 20 Oct 2016 Actualités

Le 28 juillet 2008, le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, John McCain, s’est fait retirer "par précaution" un grain de beauté situé sur sa tempe droite.


Âgé aujourd’hui de 72 ans, le sénateur de l’Arizona a déjà souffert d’un cancer de la peau. Quatre mélanomes lui ont en effet été enlevés depuis 1993 – le dernier lui a laissé une cicatrice sur la tempe gauche -, mais il n’a pas connu de résurgence depuis 2002. Interrogé sur CNN, M. McCain a indiqué qu'il s'agissait d'une mesure de routine et que sa dermatologue, qu'il consulte tous les trois mois, faisait régulièrement des prélèvements de peau pour analyses.

Avant lui, l’ancien président républicain Ronald Reagan (1980 – 1988) avait été opéré en 1985 d’une forme bénigne de cancer de la peau. Son épouse Nancy, elle, devint une quasi-icône nationale suite à l’annonce de la même maladie pendant la présidence de son mari. Cette annonce constitua d’ailleurs un virage à 180° dans la côte de sympathie que la First lady inspirait jusqu’alors aux Américains… Pour sa part, l’ancien président démocrate Bill Clinton (1992 – 2000) avait lui aussi révélé en 2001 souffrir le même type de pathologie bénigne.

La relative transparence de la vie publique américaine sur ce sujet tranche avec le goût du secret cultivé de ce côté-ci de l’Atlantique dans les hautes sphères de l’Etat. Détecté en novembre 1981, le cancer de la prostate du président François Mitterrand (1981 – 1995) ne fut rendu public qu’en 1992. Et pourtant celui-ci, échaudé par le précédent Georges Pompidou – décédé en avril 1974 d’un cancer de la moelle osseuse -, s’était publiquement engagé en mai 1981 à faire publier tous les six mois un bulletin de santé établi par son médecin personnel. Durant onze années et un mandat et demi, ce bulletin éludera consciencieusement cette information. Une fois François Mitterrand décédé, son ancien médecin publiera un ouvrage controversé dans lequel il révélait que le président n’était en pratique "plus capable d’assumer ses fonctions" lors des six derniers mois de son second mandat.

Protection absolue de la vie privée d’un côté, obsession nationale à l’égard d’une maladie qui touche chaque année 1 millions d’Américain, la différence d’approche est patente. Et même si ce genre de révélations n’échappe pas aux critiques – registre de l’émotion, fins électoralistes… -, il n’en demeure pas moins que leur mise sur la place publique présente un triple intérêt pour la cause : levée du tabou, débat, prévention. "Mettez une crème de protection pour la peau et, si vous constatez une petite décoloration de peau, consultez votre dermatologue ou votre médecin" a d’ailleurs lancé John McCain en juillet dernier à la télévision, abrité du soleil par une casquette, son grain de beauté recouvert d’un pansement. Qui sait si, ce jour-là, cette simple phrase n’a pas fait "tilt" chez un à plusieurs téléspectateurs ?

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