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Lettre ouverte en soutien à l’OMS : un appel urgent pour maintenir le financement mondial de la santé

petite enfance Information santé collectivités santé au travail santé publique 26 Nov 2025 Actualités

The Lancet a publié une lettre ouverte signée par des directeurs, anciens directeurs et membres des Centres collaborateurs de l’OMS. Ils y expriment leur profonde inquiétude : l’arrêt brutal du financement mondial de la santé fragilise l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et met en danger des millions de vies.

Face à des crises sanitaires qui se multiplient, les signataires rappellent que la sécurité sanitaire mondiale dépend d’investissements stables, durables et coordonnés. Ils appellent les États et les donateurs à maintenir leur engagement.

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Traduction en français :

Lettre ouverte en soutien à l’OMS

Bozicevic, Ivana et al.

The Lancet, Volume 405, Issue 10497, 2272 - 2273

L’arrêt brutal du financement mondial de la santé a mis des millions de vies en danger.¹ Ce gel soudain des financements viole des principes et des valeurs bioéthiques fondamentaux, notamment les droits humains, l’universalité et l’équité, qui font partie de la Constitution de l’OMS et de ses orientations pour la recherche éthique, et il ne prévoit pas de plans de transition adéquats pour les soins et les services cliniques.² En collaboration avec les États membres, l’OMS a dirigé l’éradication de la variole et contribué à des réductions drastiques d’autres grandes menaces pour la santé publique. Le personnel de l’OMS a été en première ligne lors de conflits et de catastrophes naturelles, veillant à ce que l’aide vitale parvienne à ceux qui en ont besoin. L’OMS joue un rôle crucial dans la réponse aux défis sanitaires mondiaux sans précédent, mais elle est actuellement confrontée à des difficultés opérationnelles considérables. Une enquête rapide menée par l’OMS a indiqué que 80 % des bureaux nationaux de l’OMS ont connu des perturbations dans au moins un domaine programmatique en raison des réductions de l’aide publique au développement.³ Les domaines les plus touchés incluent l’aide humanitaire, la préparation et la réponse aux urgences sanitaires, la surveillance de la santé publique et la prestation de services de santé essentiels. Le paludisme et les maladies tropicales négligées ; les programmes de vaccination ; les soins contre la tuberculose ; la santé maternelle et infantile ; la planification familiale ; la santé au travail ; les soins d’urgence, critiques et chirurgicaux ; et la détection des flambées sont tous affectés. Malgré ces obstacles, l’OMS aide les pays les plus touchés à passer d’une dépendance à l’aide à un financement national durable.⁴

La croyance selon laquelle une réduction des budgets de santé publique de cette manière peut mener à des économies est immorale et erronée. Il existe des preuves que les réductions à court terme dans les programmes de santé essentiels entraînent des pertes économiques à long terme, dues à l’augmentation de la charge de morbidité, à la baisse de productivité, à l’augmentation des coûts de traitement et à l’impact économique plus large des flambées non contrôlées.⁵ Une analyse de la Banque mondiale a montré que l’investissement dans la préparation aux pandémies peut générer un rendement allant jusqu’à 88 % par an grâce aux dommages économiques évités.⁵

Les préoccupations de santé publique exigent des réponses nationales et internationales coordonnées. La pandémie de COVID-19 et les flambées de grande ampleur du virus Ebola et du mpox montrent que la sécurité sanitaire est une responsabilité collective. Toute menace envers l’action collective mondiale, l’investissement durable dans la santé et un leadership technique solide risque de permettre à des problèmes sanitaires locaux de se transformer en crises mondiales.

En tant que directeurs actuels, anciens directeurs et membres des Centres collaborateurs de l’OMS, nous soutenons pleinement l’OMS dans l’accomplissement de son mandat constitutionnel, et appelons chacun — y compris les États membres, les donateurs, les partenaires et les autres parties prenantes — à continuer d’investir dans l’OMS afin de promouvoir la santé et la sécurité tout en aidant les populations vulnérables dans le monde.

Références et article en anglais

Voir aussi